Sommes-nous devenu.es amnésiques ?

Au moment où nous écrivons ces quelques lignes, le tout s’emballe. Un peu comme une avalanche, qui, sous son propre poids prend de la vitesse, va de plus en plus vite, de plus en plus fort… Oups, nous voilà englouti.es !

Tout est blanc, trop blanc, trop éblouissant, un trou blanc, c’est vraiment troublant, le néant…

Nous ne nous souvenons pas de nos premières années de vie. Comment avons-nous appris à marcher, à parler, à s’émouvoir ? Point de souvenirs. Mais nous avons un vécu enveloppé par des sensations, des perceptions dans une mémoire du corps. La façon dont nous avons été porté.es, bercé.es, la voix de celles et ceux qui nous ont parlé, chanté, les odeurs, les lumières, les atmosphères, les tensions dans lesquelles nous avons baignées dans notre enfance nous transmettent une histoire, un bain sensoriel, affectif et culturel.

Nous naissons inachevé.es, sans points de repères, de temps et d’espaces, nous sommes vulnérables et infiniment dépendant.es des autres. Nous venons au monde avec la capacité d’entendre et reproduire les 7000 langues sur terre.
Nous venons au monde égaux et libres.

Parfois nous sommes en prise avec des angoisses, archaïques et profondes, ce sont des charges affectives et corporelles. Certain.es d’entre nous se sentent comme des châteaux de sables que la vague vient effacer brutalement. Comment les rassurer sur le fait que ce qui s’efface ne disparaît pas ? Comment leur parler pour qu’ils se sentent compris.es, « pris.es avec », avec l’autre, compris.es dans ce qu’ils ressentent, humanisé.es ?

Nos langages artistiques diverses et multiples que nous utilisons dans nos créations nous aident à construire des représentations, à trouver des symboles, à donner forme à l’imaginaire. Ils nous aident à se souvenir, à continuer à tisser notre histoire, à créer des liens, à être ensemble. L’art nous confronte à l’énigme même du vivant.
Sommes-nous devenu.es amnésiques ?
Tout est blanc, calme, étrangement paisible, sous l’avalanche…

Stanka PAVLOVA
Denis BONNETIER
Et toute l’équipe du FIM